Le Larousse donne cette définition : Manière de mener, selon une démarche raisonnée, une action, un travail, une activité technique.
Les méthodes donnent des indications, pas un mode d’emploi, la façon de faire suit la logique de l’auteur afin d’obtenir rapidement le meilleur résultat durable. Bien souvent, les méthodes s’intègrent dans un catalogue qui se décline graduellement en « Cahiers d’Études ».
Les méthodes et cahiers d’études ne peuvent pas être étudiés sans l’assistance d’un professeur qui saura vous expliquer le cheminement technique voulu par l’auteur. Il n’est donc pas conseillé de passer d’une méthode de débutant à l’autre, (quoiqu’elles semblent toutes copiées sur le modèle de L.R Feuillard). L’aspect visuel de la méthode, parfois austère, parfois ludique, ne change rien sur le fond.
Nous verrons plus tard que les cahiers d’études et de perfectionnement d’autres auteurs sont complémentaires, car il existe une graduation technique dans les études. Évitez de sauter des chapitres, sous prétexte de facilités ou de musicalités.
Peu de choses distinguent la méthode de la partition, l’écriture devient simplement un condensé des leçons acquises. Si notre attention se focalise sur tel ou tel passage, ralentissant notre lecture ou notre jeu, c’est que la graduation dans l’étude n’a pas été respectée. La lecture d’une partition adaptée à votre niveau va vous permettre de vous concentrer sur votre jeu par rapport à ce qui est écrit, et non pas l’inverse.
D’ailleurs les méthodes sont vierges d’annotation afin de se concentrer sur l’essentiel, lorsque vous avez une méthode entre les mains, vous pouvez avoir l’impression que l’étude de l’instrument, au regard du nombre de pages, va être rapide. Cela pourrait être le cas si vous omettez la compréhension.
Encore faut-il voir l’intention de l’auteur, et c’est là qu’intervient votre professeur, car ce qui est écrit dans la méthode est la démonstration de l’équation, pas son énoncé.
Méthode de L.R. Feuillard
Voyons maintenant un exemple sur la Méthode du Jeune Violoncelliste de Feuillard. Sans doute la plus utilisée des méthodes par tous les violoncellistes modernes (Louis-Raymond Feuillard (1872-1941). Il faut néanmoins avoir conscience que cette méthode est l’introduction à d’autres ouvrages de l’auteur, et ne peut pas être utilisée seule et sans des explications fournies par le professeur.
Détaillons, par exemple, la leçon 29 :
Étude des positions 1-2-3 et 4, nous avions déjà travaillé ces positions dans les leçons précédentes, donc les trois lignes d’exemples ne sont là que pour rappeler ce qui a déjà été étudié. Néanmoins, il est bon de rappeler ce que veut nous faire travailler une nouvelle fois Feuillard et surtout ce que cela sous-entend.
- Mi Fa Sol Mi (Posez Fa# en même temps que Sol), c’est un déplacement de la première à la quatrième position, (La main est formée, mise en place par le premier et le quatrième doigt, pouce à sa place sous le majeur). La main doit descendre avec tous les doigts au-dessus de la corde, le pouce sera, une fois arrivé en 4ème position en niveau de l’index.
2ème exemple : Do Si Ré Do – Fa Mi Sol Fa (Idem le 1er exemple, sauf le départ qui s’effectue sur le 2ème doigt)
Ce qui n’est pas noté ni dit, mais sous-entendu :
L’ordre des doigts joués est symétrique aussi bien en position haute que basse.
Le tirer-pousser organisé autour de la liaison de quatre notes*, fait que l’on se déplace lors de la reprise d’archet.
Les Si et Mi sont chiffrés 1 (On se déplace vers le bas sur le 1er doigt)
Bien que les trois mesures commencent par le doigt qui sera celui joué en 4ème position, indiquant à l’élève un déplacement 1-1 / 2-2 / 3-3 rien n’indique que la deuxième note est toujours le 1er doigt, le Si.
Cela dit clairement que la main est formée, que la position est déterminée par la position du 1er doigt et du 4ème quoique l’on nous montre dans les exemples.
Cela s’applique pour les autres lignes, avec des nuances marquées comme l’apparition des altérations, et surtout l’extension arrière (2ème exemple dans la 3ème/4ème position), il ne fait aucun doute de la façon de valider le déplacement de l’ensemble de la main et non plus du doigt.
Là où le professeur doit encourager l’élève, c’est à travailler (une fois le concept compris) ces exemples sur les quatre cordes, mais aussi de travailler dans l’autre sens, des positions en bas du manche vers celles du haut, en prenant en compte le travail à effectuer sur l’anticipation du bras gauche (la main gauche qui vient s’écraser sur l’éclisse faute d’avoir anticipé le coude) afin d’aider au bon positionnement de la main en position haute. Et par là même à faire prendre conscience de la même anticipation lors de la descente.
Je n’ai que trop souvent remarqué que descendre par le premier doigt sans avoir réalisé que c’est l’ensemble de la main formée qui bouge, finissait par amener le 1er doigt à sa place et qu’il fallait réajuster la position pour amener les autres doigts sur la corde, surtout le petit doigt, idem pour remonter.
Autre remarque, Feuillard n’aborde pas le déplacement latéral (dont l’utilité apparaitra plus tard dans les gammes en tierces en double cordes) pourtant repris dans le Menuet de Bach servant de support à cette leçon n°29. N’apparaît pas non plus les difficultés d’archet rencontrées ici.
Louis Feuillard (1872-1941) est un professeur du Conservatoire de Paris. Il a été reconnu pour ses talents d'enseignant principalement en tant que professeur du violoncelliste Paul Tortelier. Ses Exercices journaliers reprennent les aspects les plus importants de la technique de violoncelle, tels que des exercices en positions du manche et du pouce et des exercices d'archet. C'est en particulier en raison de la structure logique des exercices qu'ils sont rentrés dans l'apprentissage standard du violoncelle depuis leur publication en 1919.
* Voir la leçon sur le type de mesure et le coup d’archet.(à suivre)