Après avoir enseigné le violoncelle durant des années, il m'apparut comme une évidence qu'il manquait une offre dans l'éducation musicale de mes élèves, je parle de cette faculté d'intégrer un ensemble d'instrumentistes.
Je ne leur parle pas encore d'improvisation, quoique ce sera l'aboutissement de cette formation supplémentaire.
Ayant toujours joué avec mes élèves, comme le font les autres professeurs, je me suis aperçu que ceux qui n'avaient pas eu cette expérience me disaient être gênés par la présence d'un autre instrument. L'apprenant s'isolait plutôt que de profiter de l'accompagnement offert.
Cet aspect de l'apprentissage doit être mis en œuvre dès les premiers cours, comme cela est démontré dans la méthode Feuillard, où les leçons sont toujours agrémentées d'un petit morceau avec accompagnement. Or, je n'ai quasiment jamais rencontré d'élève à qui l'on a expliqué l'harmonie et le rythme qu'apportait la voix du dessous (la notion de lecture verticale est totalement inexistante dans le cursus débutant de l'élève), notez que la facilité de lecture est offerte par l'écriture en clef de Fa de l'accompagnement. (voir fin de page)
Lorsque les premières mesures jouées en duo semblent être ensemble pour l'élève, il y a en réalité un décalage. Faible, lorsque vous jouez côte à côte, énorme lorsque vous êtes dos à dos, preuve en est que l'un suit l'autre à l'oreille.
J'ai choisi de jouer en face de l'élève, outre le fait que cela m'offre une vue d'ensemble sur sa technique, cela lui ôte la possibilité de caler son coup d'archet sur le mien (accessoirement de le raccourcir pour mieux suivre le rythme). J'oblige à se regarder l'un l'autre, communicant ainsi visuellement lors des reprises, imposant par là même une respiration souvent tronquée. Bien sûr, si le morceau est appris par cœur, cela facilite encore plus les ressentis.
Voilà pour la partie corporelle, rien de trop technique, il y a déjà un lâché-prise qui se pose grâce à cette technique d'apprentissage comprise et acceptée par l'élève.
Par la suite, le duo va se poser rythmiquement, les coups d'archet respectés et non plus subits, mais l'oreille à du mal à s'ouvrir à l'autre. C'est au bout de quelque temps et de la bonne compréhension du texte que l'accord se fera, ainsi que la complicité entre les deux protagonistes. Il est naturel que si la partition comporte les deux voix, cela facilite énormément le travail du duo, à l'inverse des partitions séparées.